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Le "winter grazing": une solution à plusieurs défis

Dernière mise à jour : 7 janv. 2021



Ces dernières années, il y a eu beaucoup d'évolution quant au bien-être animal et on voit de plus en plus apparaitre des alternatives à la garde conventionnelle des chevaux.

Par exemple, on opte davantage pour la stabulation libre, on créé des Paddock Paradise ou encore on utilise des slow feeder pour favoriser l’alimentation en continu.

Pour les propriétaires d'écurie, ceci demande une grande adaptation, car les priorités sont à redéfinir. On ajoute donc à leurs préoccupations déjà nombreuses, particulièrement en ce temps de pandémie et après deux pénuries de foin!

Néanmoins, certains changements simples peuvent apporter des bienfaits immédiats, tant pour les propriétaires d’écurie que pour la qualité de vie des chevaux. Cet article a pour but de vous présenter une pratique peu utilisée dans notre région, mais qui offre une solution à plusieurs défis en ces temps de crise : le winter grazing, ou pâturage d’hiver.


Qu’est-ce que le winter grazing?


Il s’agit tout simplement de laisser les chevaux pâturer, même en hiver.


À Espace Équestre, on utilise principalement les champs de foin à cet effet, car la repousse (après la dernière coupe du mois d'août) est suffisante pour fournir un apport alimentaire significatif.

On utilise aussi les pâturages d’été, qui sont gérés en rotation et dont certaines parcelles sont laissées au repos avant le gel, afin de maximiser leur productivité.

Il est important que les plantes aient une certaine hauteur (au moins 10 centimètres) pour être accessibles sous la neige et que leurs racines soient suffisamment ancrées pour supporter le broutage.

S'il y des arbres et arbustes pour offrir de la diversité, c'est du bonus!




Quels sont les avantages du winter grazing?


1- Économies de foin

De notre expérience, les chevaux préfèrent se promener et « chercher » leur nourriture, plutôt que d’être servis toujours au même endroit. En effet, lorsqu’ils ont l’opportunité de pâturer ou de mimer l'action de brouter, ils délaissent la mangeoire à foin et fouillent sous la neige pour trouver de l'herbe. Ils consacrent donc davantage de temps à investiguer leur territoire, ce qui diminue leur consommation globale en foin sec. Leurs besoins nutritionnels sont comblés en partie par le pâturage et complétés avec le foin qui demeure disponible en tout temps, bien que moins appétant ou intéressant pour eux.


2- Augmentation de l’exercice et du mouvement libre


En nature, les chevaux marchent plusieurs kilomètres par jour pour se nourrir, car ils sont génétiquement programmés et physiquement conçus pour ce style de vie. Pourtant, nos pratiques traditionnelles sont tout l’inverse : soit on les « stationne » devant une grosse balle de foin en hiver (ils sont immobiles et peuvent se gaver), soit on les confine dans un boxe avec des repas servis à heures précises et entrecoupés de plusieurs périodes de jeûne. On sait pourtant que ce n’est pas optimal, et potentiellement une source de coliques, d’ulcères, de problèmes de poids ou de troubles comportementaux… Or, avec le winter grazing, on encourage le cheval à bouger et on lui redonne un style de vie plus respectueux de son espèce. Les bienfaits de l'exercice et du mouvement libre ne sont plus à défendre, notamment au niveau des systèmes digestif, respiratoire et musculo-squelettique, en plus de diminuer le stress relié au confinement.



3- Amélioration de la condition de chair


Comme nous l’avons mentionné aux deux points précédents, l’augmentation de l’exercice et la diminution de la consommation en foin sont deux conséquences directes du winter grazing. Ceci aide à prévenir l’embonpoint qu’on observe trop souvent chez les chevaux vivant en extérieur avec foin à volonté et mouvement restreint. À l'inverse, un cheval trop maigre aura un meilleur développement musculaire et une meilleure absorption des nutriments s’il bénéficie d’un exercice léger en continu, ce qui peut aider à la prise de poids. Ici, on voit Zozo, 26 ans, retraité, qui maintient un poids optimal pour un sénior (il était considéré comme un hard keeper à cause de sa tendance à perdre du poids facilement).





4- Prévention des problèmes dentaires


La posture naturelle de broutage, soit la tête en bas et en alternant les pattes d’appui, permet l'usure des dents de façon symétrique et fonctionnelle. Ce n'est pas le cas si le cheval est toujours nourri dans le même coin du boxe, ou plus haut que le sol, car il est ainsi contraint à une posture artificielle pour mastiquer sa nourriture. Il en est de même avec plusieurs slow feeder qui l'obligent à incliner la tête pour en extraire le foin.

Le winter grazing prévient donc certains problèmes dentaires à plus long terme, en redonnant au cheval la possibilité de brouter normalement.



4- Augmentation de l’intérêt envers l’environnement et diminution de l’ennui


Le simple fait de devoir « chercher » la nourriture permet de remédier à l’ennui, car c’est ce que les chevaux font naturellement plus de 18h par jour lorsqu’ils en ont la chance! Ils deviennent ainsi plus curieux de leur espace, plus interactifs et plus intéressés. Fini, les chevaux en cage au regard éteint! Fini, les vices d'écurie!


5- Apport d’engrais aux cultures et pâturages


Au printemps, il y a habituellement une fenêtre de temps parfaite pour herser les crottins laissés par les chevaux et ce, avant que le sol ne dégèle complètement. On fertilise ainsi naturellement les parcelles.


6- Diminution de l’entretien et des coûts de litière


Puisque nous utilisons le fumier laissé aux champs/pâturage pour fertiliser, cet espace n’est pas nettoyé tous les jours durant l'hiver (contrairement aux enclos principaux). Il s'agit d'un avantage non négligeable, car l’entretien des enclos peut être ardu selon les conditions météorologiques et le gel des crottins au sol... Évidemment, le nombre de chevaux sur la superficie disponible est limité pour éviter de saturer le lot, sans quoi le fumier est retiré quotidiennement. Enfin, pour les chevaux vivant partiellement en boxe, il y a une diminution des besoins en litière, donc une diminution des coûts!



Contraintes (et solutions) à considérer pour le winter grazing


Les principales appréhensions reliées au pâturage d'hiver sont que les racines des cultures soient piétinées, ou que les fumiers empêchent la pousse des plantes au printemps. Il y a également un risque de fourbure et de colique comme avec tout changement alimentaire. Or, trois éléments sont à respecter pour éviter ces inconvénients :


1- Le piétinement


S’assurer que le sol est bien gelé avant d’ouvrir la parcelle, pour éviter que les chevaux s'enfoncent et détruisent ainsi les racines des plantes.


2- Les crottins


Il convient de prendre le temps de bien herser le fumier au dégel. Ainsi, il aura un effet fertilisant et n'empêchera pas les jeunes plantes de pousser. Si toutefois le sol risque d'être saturé ou devient dangereux en raison de la quantité de crottins gelés, mieux vaut nettoyer quotidiennement durant l'hiver.


3- Fourbure et colique


Il est primordial d'effectuer une transition graduelle au changement d’alimentation (voir l’article à ce sujet) pour éviter les troubles digestifs et diminuer les risques de fourbure.



En conclusion


Il est à noter que les chevaux mangent principalement en mesure de temps, et non en quantité, car ils sont génétiquement conçus pour brouter pendant plusieurs heures par jour (tout en se déplaçant pour trouver leur nourriture). Le fait de permettre ce comportement naturel, même en hiver, comble les besoins physiques mais aussi psychologiques de nos partenaires équins, et favorise leur santé. Pour ce faire, le winter grazing est tout indiqué. Par ailleurs, cette pratique permet une économie de foin, de litière et de temps significative pour les propriétaires d’écurie, en autant qu'ils puissent modifier leur régie et adopter certaines mesures préventives. C’est donc une solution win-win, à privilégier!

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